Sur la qualité et la quantité du vin de l’année 1558 à 1862
Une documentation manuscrite en mains privées relate, à l’aide de brefs commentaires de l’auteur, les récoltes annuelles de vin ainsi que les conditions météorologiques durant la période allant de 1558 à 1862.
Les vendanges à travers les siècles à Harxheim ! C’est un petit livret brun et jauni que Christian Schneider (surnommé « de Panje » dans le village), agriculteur vivant avec sa femme au 13 de la Gaustraße, a remis à mon père à la fin des années 1970. Avec les mots « Le livre est de mon père. Il contient toutes les lectures de Haschem depuis des années ! Schäfer, auf es gut uff ! » (Berger, prends soin de toi), le document discret a changé de propriétaire. Le livre de fête de notre 1250e anniversaire m’avait alors semblé parfaitement adapté pour rendre ce petit trésor accessible au public pour la première fois et pour présenter les évaluations des millésimes de Harxheim en termes de qualité et de rendement de 1558 à 1862.
Le contenu du livret a été rédigé jusqu’en 1826 par Johannes Diehl, originaire de Harxheim et mentionné sur la page de titre.
Par la suite, les évaluations ont été poursuivies par différentes personnes au-delà de la date finale de 1826 mentionnée dans le titre, jusqu’en 1862. Les différents styles d’écriture ainsi que les caractéristiques orthographiques en témoignent.
On peut supposer que les descriptions de vendanges du 16e au 19e siècle ont été assemblées à partir de différentes sources.
Les commentaires rédigés à partir de 1800 environ ont probablement été rédigés sur la base de l’expérience acquise chaque année. Les descriptions des millésimes, qui ne sont que brèves, permettent de tirer d’assez bonnes conclusions sur la qualité et la quantité, mais aussi sur les conditions météorologiques qui ont prévalu. Les récoltes de vin catastrophiques des années 1816/17, étroitement liées à l’éruption du volcan Tambora en Indonésie en 1816, en sont un exemple frappant. La pollution de l’atmosphère par de gigantesques nuages de cendres a entraîné des pertes de récoltes et des famines dans le monde entier au cours de ces années.
Les années qui ont entouré la Révolution française (1789) ont été marquées par les restes d’une petite période glaciaire, avec un temps presque constamment frais et mauvais et, par conséquent, des récoltes (de vin) maigres. La faim et la misère de la population avaient également favorisé le changement politique à cette époque. Le commentaire sur l’année viticole 1813 montre que les Prussiens étaient soit de mauvais buveurs, soit qu’ils consommaient tout ce qui leur tombait dans les gobelets et les verres : « …un mauvais vin, les Prussiens l’ont bu ». Mais c’est peut-être aussi sa joie de voir les troupes françaises battues se retirer de Mayence, en novembre de la même année, qui a fait passer la quantité avant la qualité.
Le climat plutôt frais par rapport aux conditions de température actuelles laissait peu de place aux millésimes de pointe – décrits dans le livret comme « vin principal ». Des millésimes médiocres et plutôt mauvais en alternance dominent la description des millésimes sur une grande partie du territoire. Les fortes gelées, qui ont entraîné la perte totale de la récolte de vin, sont également mentionnées, tout comme l’apparition de « Schloßen » (tempêtes de grêle et d’orage), qui ont non moins entraîné de fortes dévastations des vignes ou de la vendange.
Le Heimatbuch für den Landkreis Mainz de 1967 évoque explicitement deux années d’intempéries dans un rapport (1). Suite aux tempêtes de grêle, les mauvaises récoltes de 1816 ont entraîné une année de famine dans la commune. En 1822, les habitants de Harxheim virent encore une fois une image d’horreur après un violent orage : « Des champs de blé avaient été laminés, des lièvres et des perdrix morts gisaient partout sur les fruits déchiquetés. Dans les arbres dépouillés de leurs feuilles pendaient des oiseaux écrasés ». Malgré d’immenses dégâts agricoles, le temps clément de cette année a tout de même permis une récolte fructueuse.
Les évaluations de la qualité faites servent à mon avis de bons points de repère pour la qualité du vin de chaque millésime. La technique de cave de l’époque peut être caractérisée comme simple. Le savoir-faire en matière de vinification s’est transmis de génération en génération. Les vins finis en fût étaient destinés à la consommation directe (vin de maison), car la durée de conservation devait être globalement faible. La vente de vin au-delà des frontières locales était limitée, voire inexistante.
Les vins des années mentionnées étaient très probablement de caractère simple. Il serait très intéressant de comparer un crescent de cette époque avec un vin de Harxheim produit aujourd’hui selon les techniques de cave les plus modernes. On serait probablement étonné par les différences de goût.
Références des sources :
Diehl, Johannes (non daté) : Chronologische Verzeichnis über die Güte und Viele des Weinwuchses vom Jahr 1558 bis1826 (ergänzt bis 1862). Décrites et encore plus développées à volonté. Manuscrit non publié, rassemblé par Johannes Diehl jusqu’en 1826 et complété plus tard par d’autres personnes.
1) Lang, Werner (1967) : Annuaire régional. Arrondissement de Mayence. Oppenheim. p. 151 et suivantes.
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