par | Nov 25, 2022

« Es Spritze-Heisje »

Chaque commune de la Hesse rhénane disposait, parfois jusque dans les années 1960, d’un poste central dans la localité pour le mélange des produits de pulvérisation destinés à la lutte contre les ravageurs et les maladies foliaires dans les vignobles. A Harxheim, ce poste se trouvait dans le Spritze-Heisje.

Un petit bâtiment que seuls les anciens de Harxheim connaissent encore était le « Spritze-Heisje ». Cette petite maison sobre au rez-de-chaussée maçonné se trouvait sur l’actuelle place Messigny-et-Vantoux et était accessible uniquement par la rue de la gare. On y mélangeait le « Spritzbrie », terme général utilisé en dialecte hachémite pour désigner les insecticides et pesticides liquides utilisés dans l’agriculture. La coloration des murs intérieurs et du sol en béton était caractérisée par des éclats ou des surfaces de couleur vert cuivré omniprésentes. Ceux-ci sont apparus suite au mélange du vitriol de cuivre utilisé jusqu’à la fin des années 1950 comme produit de pulvérisation universel dans la viticulture.

« Es Spitze-Heisje » (deuxième bâtiment en partant de la droite), Helene Knußmann avec sa fille et une amie, 1959

Source de l’image : Helene Knußmann

Au rez-de-chaussée se trouvaient trois grands récipients en béton d’une capacité équivalente à une grande baignoire chacun. Dans une cuve, le sel de cuivre de l’acide sulfurique (vitriol) a été dissous dans l’eau, tandis que dans l’autre, un lait de chaux a été préparé et combiné au premier liquide en mélange pour obtenir un produit de pulvérisation au pH neutre. La troisième cuve était conservée comme réserve d’eau. Le mélange devait avoir un pH neutre afin de ne pas brûler le feuillage des vignes lors de la pulvérisation contre les maladies foliaires, comme la péronosporose.

Le mélange s’effectuait pendant le remplissage des fûts de « Spritzbrie » placés sur les chariots avancés, en ajoutant des quantités d’eau appropriées pour obtenir le mélange de pulvérisation final. Au moyen de bandes de laque, le mélange a été contrôlé pour obtenir un pH neutre. Pour le remplissage, on utilisait une petite pompe à piston avec un comparateur de débit afin de pouvoir enregistrer et comptabiliser les quantités de produits pulvérisés récupérées.

L’achat du vitriol se faisait en commun par le biais du commerce de campagne (« beim Kunsum ») exploité par Friedrich Ackermann dans la Untergasse. Un « responsable de la lettre d’injection » avait seul accès aux matières premières chimiques et à leur utilisation. Cette personne devait veiller à ce qu’une quantité suffisante de produits phytosanitaires liquides soit mise à la disposition de tous les viticulteurs appartenant à ce groupement d’intérêt aux « jours de pulvérisation » fixés et à ce que les cuves de pulvérisation soient correctement remplies. Les viticulteurs à temps partiel qui n’avaient besoin que de petites quantités avec leur charrette à bras étaient approvisionnés tout comme les viticulteurs qui avaient besoin de plusieurs centaines de litres. Si les viticulteurs constataient des attaques de parasites par l’oseille ou le foin, ils ajoutaient au pesticide le tristement célèbre E605. C’est ainsi que la préparation s’est transformée en insecticide sans grand effort, mais avec un effet retentissant. Les vignobles ont été traités jusqu’à cinq fois avant le début des vendanges, en fonction des conditions météorologiques et des besoins.

« Jusque dans les années cinquante, l’épandage des ‘Spritzbrie’ se faisait manuellement avec de gros pulvérisateurs à dos sous pression de 10 ou 15 litres. Pour les personnes chargées de la lutte contre les nuisibles, c’était un véritable travail de forçat », raconte Walter Frieß. Les hommes ou nous, les femmes, allions d’un côté à l’autre avec le « Wingertsspritz uff’m Buckel », jusqu’à ce que la seringue soit vide et qu’il faille la remplir à nouveau au « Spritzbrie-Fass » », ajoute sa sœur Elli Böll.

Types de pulvérisateurs à vigne et un pulvérisateur à soufre (à gauche), collection du domaine Frieß

Source de l’image : Irmgard Kaiser-Vreke

« Es Spritze-Heisje » dans la direction du Wickgarten, vers 1960

Source de l’image : Inconnu

Selon la taille de l’entreprise, des colonnes entières étaient occupées à ce travail pendant des jours. Ce n’est que dans les années soixante que des pulvérisateurs plus modernes (petits automoteurs) ont été utilisés, ce qui a nettement facilité cette étape du travail de la vigne.

Avec l’utilisation de produits phytosanitaires modernes, le « pulvérisateur-heisje » est devenu superflu à la fin des années 1950 et est devenu orphelin. Il a été démoli au début des années soixante lors du premier réaménagement de l’actuelle place Messigny-et-Vantoux.

Il reste donc, pour conclure, une remarque marginale :

La tradition veut que, dans les années 1950, un citoyen de Harxheim de longue date utilisait de temps en temps les cuves en béton vides entre les séances d’arrosage pour se baigner le samedi.

Références des sources :

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