La vie juive à Harxheim : Fam. Ferdinand et Judith Mayer
L’actuelle Untergasse 19 était habitée depuis des générations par la famille de commerçants Mayer. En dernier lieu, Ferdinand (né le 16.07.1880 à Harxheim) et son épouse Judith, née en 1938, ont été tués. Weil (né le 30.03.1881 à Randegg près d’Esslingen) s’est installé ici. Ils se sont mariés le 20 août 1906 à Harxheim. De leur mariage sont nés cinq enfants : Moritz Fritz, Sara, Johanna, Herta et Simon.
Le père de Ferdinand, Jakob III (13.11.1850 – 15.10.1921), était le frère de Gottschalk Mayer (26.12.1852 – 04.09.1941). Jacob III a été marié à Sara, née en 1947. May (13.04.1844 – 07.07.1903). Sa sœur Babette (01.03.1851 – 18.08.1914) était l’épouse de Gottschalk Mayer. Les sœurs May étaient toutes deux originaires de Geinsheim. 1) 2)
Ferdinand était donc le cousin de Moritz Mayer, le fils de Gottschalk Mayer, qui vivait à la même époque dans l’actuelle Untergasse 13.
Ferdinand lui-même est le seul à avoir survécu parmi ses six frères et sœurs. Ceux-ci sont morts soit dans les premières années de leur vie, soit au début de l’âge adulte.1)
Ferdinand Mayer tenait un magasin très prospère à Harxheim, dans lequel il vendait du tabac et des articles de manufacture et de spécialité en détail. Il était propriétaire d’un terrain considérable avec une habitation et des dépendances. Sa femme a apporté des ressources financières au mariage. Les bâtiments qui se trouvaient sur le terrain ont ainsi été transformés en un magasin moderne et bien aménagé pour l’époque, avec un vaste stock de marchandises. Ferdinand s’occupait des activités du service extérieur et rendait visite à ses clients en dehors de Harxheim. Pendant les longues journées de travail, son épouse Judith gérait la vente dans le magasin, passait les commandes auprès des fournisseurs et réglait la comptabilité et les opérations bancaires. En raison de la répartition des tâches, les Mayer employaient en outre une aide ménagère pour gérer le ménage et s’occuper de leurs enfants. 3)7)
Annonce publicitaire de Ferdinand Mayer (en haut à gauche) dans le livre de fête du 75e anniversaire de la chorale catholique de Lörzweiler (extrait)
Source de l’image : collection Rüdiger Gottwald
Le couple Mayer accordait une grande importance à une bonne éducation. Grâce à leur travail acharné et à la bonne marche de leurs affaires, ils ont pu permettre à leurs cinq enfants de fréquenter l’une des écoles supérieures de Mayence. 3)
Le père de Ferdinand, Jakob III, et son frère Gottschalk étaient déjà parfois membres du comité directeur de la communauté juive d’Ebersheim-Harxheim, composé de trois personnes. 4)
Son fils Ferdinand a continué sur cette lancée et a également été membre du comité directeur et chef de culte bénévole de 1896 à 1934. Dans le magazine Der Israelit du 25 octobre 1934 – année où les Mayer ont quitté Harxheim – les mérites de Ferdinand Mayer ont été largement salués comme une grande personnalité. On a notamment souligné son grand engagement pour sa communauté juive dans les temps difficiles de la Première Guerre mondiale et des années qui ont suivi, au cours desquelles il s’est occupé de la poursuite régulière des services religieux dans la synagogue d’Ebersheim. Son départ a été qualifié dans cet article de grande perte pour la communauté et le judaïsme rural de la Hesse rhénane. 5)
Avant 1933, l’antisémitisme propagé par les nationaux-socialistes commençait déjà à se faire sentir à Harxheim et à peser sur les affaires des Mayer, qui se portaient bien jusque-là. Judith Mayer a fait état d’un harcèlement croissant de la part des nationaux-socialistes. Avant 1933 déjà, leur fils Fritz avait été agressé physiquement par eux. (correspondance versée au dossier de la demande de réparation) 3)6)7)
Après la prise du pouvoir en 1933, le chiffre d’affaires et les bénéfices de l’entreprise ont chuté suite aux appels au boycott lancés le 1er avril 1933 par les nationaux-socialistes à l’encontre des commerçants juifs. L’activité s’est ensuite complètement arrêtée dans les mois qui ont suivi. Même des clients jusque-là fidèles n’osaient plus se rendre dans le magasin des Mayer, soi-disant par peur d’être dénoncés. Au vu de la situation commerciale précaire et de sa santé déjà fortement atteinte, Ferdinand Mayer a déclaré son activité le 14 octobre 1934. Le stock a été vendu avec des baisses de prix massives. La propriété a été acquise par le commerçant Emil Bölli, originaire d’Ebersheim, qui a continué à exploiter le magasin en tant que commerce de détail. Le même mois, la famille déménage à Francfort, dans la Hegelstraße. 6. l’état de santé de Ferdinand Mayer se dégrade de plus en plus, il décède à Francfort sur le 7 avril 1936. 3)
Ferdinand et sa femme Judith étaient décrits par les clients de la maison comme l’un des citoyens les plus respectés et les plus riches de Harxheim et de ses environs. 6)
Références des sources :
1) Archives de la communauté de communes de Bodenheim ; registre d’état civil de la mairie de Harxheim-Gau-Bischofsheim.
2) Archives communales de Trebur
3) HHStA. Wiesbaden 518-77557
4) Tapp, Berthold : La communauté israélite d’Ebersheim avec Harxheim et sa synagogue (1830-1938). 2014.
5) www.alemannia-judaica.de Image n° 25101934.jpg, prise en 01/2023.
6) HHStA. Wiesbaden 518-54523.
7) Rieber, Angelika et Till Libertz-Groß, éd. : Rettet wenigstens die Kinder – Kindertransporte aus Frankfurt am Main. Francfort 2018, p. 246-257.